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Brother Ali – The Bite Marked Heart (2012)

Il est surement l’artiste le plus régulier de ces dix dernières années. Opérant dans un registre plus humain du rap game, Brother Ali se présente comme un preacher, un conteur des temps modernes qui face à l’indifférence et autres ségrégations vient prêcher l’amour et la solidarité (putain je devrais faire des synopsis). Albinos et musulman, Brother Ali a su faire abstraction des critiques post 11 septembre pour lâcher une discographie qualitativement fournie qui a donné ses lettres de noblesse au label Rhymesayers (en plus d’Atmosphere), un nom prépondérant sur la scène rap des dernières années. Brother Ali s’est aussi l’alchimie entre un mc et un producteur créatif Ant du groupe Atmospherequi en 3 albums ont su conquérir une fan base conséquente. Histoire de la jouer provoc sans chercher la comparaison musicale (surtout en terme d’influence et de technique) : Brother Ali et Ant c’est la version post 2000 de Jeru the Damaja et Dj Premier : un laboratoire du nom d’Atmosphere/Gangstarrdont on retire le meilleur et que l’on transpose à un autre artiste. Et voilà que comme Jeru (mais pour des motifs bien autres), l’oiseau décide de prendre son envole puisque sa prochaine mouture devrait être probablement produite entièrement par Jake One autre producteur résident du label sous le nom Mourning in America, Dreaming in Color. En attendant son arrivée et comme à son habitude le Brother Alivient lâcher un EP en guise d’apéro : The Bite Market Heart.

On ne rond pas le lien paternel comme une relation de passage car si l’indépendance semble proche Ant vient encore (et pour notre plus grand plaisir) taper l’incruste sur deux des sept titres que nous offre ce The Bite Marked Heart. Loin d’être un EP sans réelle direction artistique, Brother Ali et ses deux producteurs gardent une ligne de conduite en adéquation avec son titre. Vibe smooth parfois mielleuse pour des ballades assez romantiques toujours dans cet attachement au relationnel humain qui forme l’univers de Brother Ali et que l’album US avait définitivement démontré.


Disons-le directement, l’auditeur qui n’arrivait pas adhérer à ce mc de part ses choix de storytellin ne variera pas d’avis. Ici, on conte, on raconte, on partage, on prêche bref on fédère l’humain en mettant en avant ses plus belles qualités (mais aussi ses défauts entendu que la part d’ombre est très présente sur l’ensemble de cet EP). Smoke Weeds, Fuck Bitches et autre N**** moment ? Hell No, wrong place at wrong time, rangez vos bandanas et autres matos militaires urbains et sortez les roses et poème mielleux. Mais attention, Brother Ali n’est pas un de ces stupides chanteurs RnB prônant l’amour par des verses digne d’un marmot à la maternelle. Brother Ali alterne les points de vue : une vision personnelle (Shine On et surtout le très sensible The Bite Marked Heart), une vision à la 3ème personne (Electric Energy) ou une vision bien plus sombre (Years, les fans de la première pourront noter l’évolution du personnage et de son histoire). Bref, le natif de Minneapolis n’a vraiment plus besoin de prouver quoique ce soit en termes d’écriture.


A la production, Antfait comme d’habitude un travail conséquent comme l’énorme I’ll Be Around où la complicité de Phonte est tout à fait en adéquation avec l’univers de Brother Ali. Sample de soul bien fleur bleue histoire de coller avec la prestation des 3 protagonistes (n’oublions pas Stokley Williams). On le retrouve sur le très sombre Years qui démontre encore une fois la complicité créatrice des deux comparses. Au final, la vraie surprise vient de Jake One : fini la surconsommation de drums (y en a toujours mais mieux maîtriser comme sur Haunted Housebroken), ici on se plie au maître de maison. Reconnaître la touche Jake One sur l’ensemble de la production est assez athlétique et à la rigueur cette mutation n’est pas pour déplaire rien qu’à l’écoute de son ogive Shine On, grosse ambiance qui sent bon le matelas ! Si l’annonce d’une collaboration sur long format pouvait faire craindre le pire, le titre éponyme devrait éteindre tout incendie, l’alchimie est là (même si on sent quand même l’influence d’Ant en retrait).


Que ce soit court ou long avec Brother Ali ça reste du dur (oulah !!! N**** You G**) ! Le mc connait le métier et sait savamment faire languir son public. Le niveau de son EP restant dans la droite ligne de ses travaux précédents, il est fort possible que la sortie de Mourning in America, Dreaming in Color entre dans les meilleures de 2012. De son côté Jake One devrait profiter de cette mise en avant pour enfin faire l’unanimité.
16/20
Brother Ali – The Bite Marked Heart (2012)
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