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Bunch Of Shit #7

 

Tout chercheur de bastos rappologiques devrait remercier Internet d’exister. Alors oui la toile peut paraître comme un immonde réceptacle à grosse bouse mais il permet aussi de déterrer des projets et autres démos plus efficaces que la concurrence actuelle. Dans cette catégorie, l’année 2013 nous a, en 7 titres, décrasser les oreilles avec la démo datée de 1995 de Terror Green. Enregistré entre 1992 et 1995, ce petit bijou est un concentré de boom bap que tout head  grabataire se doit de chopper, une putain de pillule bleue musicale. Deux raisons à cela, un car le mc de Brooklyn reste avant tout un inconnu qui avait eu une reconnaissance très courte avec son titre 45 Stitches pour ensuite retomber dans l’anonymat et deux car la production des 4 pistes est assuré par DJ Nastee. 45 Stitches est bien sûr présente, ce genre de braquage auditif que l’on peut comparer à Tried by 12. On comprend direct que Havoc des Mobb  Deep ait été traumatisé par le morceau (et qu’il en est depuis oublié l’existence vu son niveau de production actuelle…). Les 3 autres pistes sont de la même puissance, un boom bap obscur estampillé NYC dès la première boucle. On se demande comment Terror Green a pu sombrer sans reconnaissance à l’écoute de Dub, story tellin plutôt convaincant, flow qui sent la weed et attitude de bonhomme. Le bordel auditif de Much Terra, bien lourd avec ses grosses basses, et les cordes salissantes de Check Tha File finissent de nous frustrer que cette démo n’est pas finie en LP. Terror Green et DJ Nastee c’est du pas de bol, une fusion musicale qui n’aura jamais eu la chance d’atterrir dans les bacs mais qu’Internet via le label Heavy Jewelz Records a su déterrer pour le plus grand bonheur de nos oreilles.


 

Autre exemple de démo qui fait plaisir : Kurious Jorge ! Alors oui le mec est loin d’être un inconnu et si sa carrière reste peu prolifique, ces deux LP à plus de 15 ans d’écarts le mettent directement dans la catégorie mcs casseurs de beats. A constipated Monkey Demo Session est une vraie cave à bordel dont la symbolique est représentée par Rice and Beans, duo avec Prince Paul, l’architecte de De La Soul nous rappelle encore une fois qu’il restera un des producteurs les plus talentueux que le Hip-Hop a pu compter. Ce genre de junk food musical qui pète les chicos. Rien d’alternatif dans la composition mais une efficacité à faire pleurer tout newcomer du beatmaking. Si le mix de l’ensemble est aussi pourri que l’album de True Master (mais là c’est une démo donc excusable), sa qualité intrinsèque reste intacte. Ambiance plutôt funky festif sur l’ensemble, le Kurious enchaine les tracks avec son enthousiasme qui le caractérise. La version original de Jorge Of The Projects me semble bien meilleur que celle pressée. Y a un côté très 80’s sur Fill’Er Up, un espèce de banger old school qui démontre encore une fois qu’un bon hook scratché suffit à faire le taff. Le mec nous sortirait de la bouse sur Trueness To The Blueness ou One 4 The head qu’il resterait toujours crédible grâce à la qualité des prods. Cette demo session se clôt sur Catch My Drift, efficacité funky toujours à l’appui. Comme tout « tomber du tiroir » que la toile nous offre, A Constipated Monkey est un must have qui ne se discute pas et se doit de finir en bonne place dans votre e-bastosthèque.


 

 

L’aventure Brutal Music semblait très prometteuse à son lancement. Stu Banga et Vanderslice, deux beatmaker élevés à la découpe façon abattoir, décidaient de se lancer dans un label commun histoire d’industrialiser leur charcutage auditif. Si les styles de production sont très semblables à la limite de l’indissociabilité, leur premier opus produit pour Blaq Poet rendait du solide pour l’avenir. Mais voilà, le temps usant cette merde, le style commençait un peu à devenir lourd dans le mauvais sens du terme. Machete Mode était donc le moment de relancer la sauce avec une ligne de production soignée surtout qu’Esoteric n’est pas un habitué des disques pétés. Mais bon, le miracle ne s’appellera pas Machete Music, dommage pour eux mais surtout pour nous, pauvres auditeurs, obligés de se taper le truc sans déprimer. On ne renommera pas le projet Fiasco Mode mais on n’en est pas loin, entre pâle copie de style (Repercussions, Attack, Apprentice To Master), combo manqué (The Danger avec Celph Titled, Vinnie Paz et Apathy), il faut taper la machette à grosse latte circulaire pour trouver de l’adrénaline dans ce bordel (State Of War, Steel Chairs, Wonder Why). Si on pouvait se douter du résultat du duo de Brutal Music, on comptait au moins sur Esoteric pour choisir ce qu’il y avait de plus potable à kicker, Machete Mode reste un coup de machette dans l’eau…


 

Dans la catégorie ressuscitée, le duo Formulatin’ Fathers qui avait sorti en 2005 leur unique album Sleepless Knights se voit offrir une seconde vie via les réseaux sociaux. L’album fait avec le cœur mais avec une promo en carton était lourdement passé inaperçu de quoi forcèment ne pas motiver Mc Need Not et le beatmaker Drumat!c à renouveler l’affaire mais surtout à ne pas continuer l’aventure musicale pour Mc Need Not. De son côté Drumat!c semble encore en activité via son label KicDrum Production (même si ça reste très anecdotique). L’intérêt de se procurer Sleepless Knight ne relève aucun artifice ou style novateur, cet album est un condensé de ce que l’on pourrait souhaiter à tout nouveau talent, une production sombre dont les boom bap sortent d’une bonne vieille Akai MPC et un Master Of Ceremony qui fait le taff sans chercher à en mettre plein la face via des punchlines sans lien les unes avec les autres. 11 titres qui feraient pleurer le top actuel, une ligne de production qui allie le meilleur des périodes et un mc qui kicke, bref si cela semble irréel, il vous suffira de vous le choper pour vous rendre compte de la qualité indéniable de cet LP.  Lors de sa sortie, l’album avait quand même fait sold out avec 500 copies lâchées. Le truc devenant donc un peu une pièce de collection, le label a décidé de lâcher, en juillet 2013, 200 copies mais en version de merde puisque c’est une tape (dommage…). Bonne nouvelle quand même une version 2XLP serait en cours de réédition sur Lost Records, wait n see !


 

Bunch Of Shit #7
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2 comments on “Bunch Of Shit #7

  1. « Tout chercheur de bastos rappologiques devrait remercier Internet d’exister »

    Marrant je me faisais la même réflexion il y a quelque jours quand je faisais tourner des EP sortis de nulle part…

    Magique le Terror Green, pas écouté le Kurious.

    Jamais entendu parler de Formulatin Fathers, je sens que je vais aussi beaucoup aimer, thx pour les decouvertes

  2. Le formulatin father est ouf bro, period

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