Cookbook and UNO Mas – C&U Music Factory (2010)

Le Gangsta Rap n’est plus l’ombre que de lui-même et donc la vibe westcoast est morte…

Constat d’une généralité très pessimiste mais surtout infondée car une oreille avisée se rendrait à l’évidence que la scène de la rive pacifique est loin de la syncope. Si les icones passées ne sont plus aussi prolifiques qualitativement parlant, on ne peut que se réjouir d’une scène alternative ou proche du courant New-Yorkais en pleine vitalité. The Pharcyde, Blackalicious, Evidence et son groupe Dilated People et plus récemment Fashawn, Blue, Exile ou encore Odissee et Grouch à la prod prouvent ce constat que l’on adhère ou non à la vibe de chacun de ces protagonistes. Et encore, listé l’ensemble des acteurs de cette scène relève de l’exploit tellement son nombre fait penser à une fourmilière à MC. Dans cette flopée d’acteur, on se rappelle des premiers balbutiements du crew L.A. Symphony et de son cinglé de leader Pigeon « LA Halle aux Chaussures » John qui nous avaient abreuvé de sympathiques galettes au début du 21ème siècle et qui s’étaient, malheureusement, séparés. Heureusement pour nos oreilles, chaque acteur avait suivi son propre parcours et c’est donc en ce début d’année 2010 que nous retrouvons Cookbook et UNO Mas, réels amis d’enfance, sur C&U; Music Factory, apologie d’un rap simple et de beats minimalistes sur un fond majoritairement festif.

Donc une funky fresh attitude est largement préconisée pour l’écoute de cet album Boom Bapstik. En clair, fanatiques d’une école stricte du rap, écartez-vous de ce projet car il risque de vous faire perdre du temps. En même temps, Represente ! annonce la couleur, sur un sample à consonance Portoricaine, UNO Mas, fier de ses origines, posent une prestation dans la langue du pays pour son petit kiff personnel loin d’être plus ridicule que les sorties de son cousin lointain de la Grosse pomme : N.O.R.E. Heureusement pour nos oreilles, la suite est plus consistante, à commencer par le très entrainant Set It Off To This et son petit reef de guitare qui met bien la pêche. On peut s’éclater sur un beat bien calibré tout en faisant un constat sur les méfaits du fric dans le Game et sur ce sujet, When You Rock & Roll accompagné de l’indispensable Evidence remplit très bien son contrat au même titre que la ballade Never Gonna let You Go. Attention quand même à ne pas forcer sur le concept car malheureusement Just Us provoque un certain écœurement du style. Les deux larrons sont loin d’être des rapiats et savent accueillir leurs hôtes avec respect, ce que confirme When Ya Been All My Life où l’instru fait honneur au style de Pigeon John qui nous replonge en pleine nostalgie des « mythiques » L.A. Symphony.

Tout n’est pas rose dans ce C&U; Music Factory concocté aux manettes par CookBook et le côté industriel à la production peut être un frein à une écoute redondante de ce disque. Pour preuve si Monster Mosh gagne au mérite par son sample, on se demande quand même ce qu’il fait sur cet album tellement l’ambiance n’est pas en adéquation avec le reste. Même sentiment avec le côté minimaliste de certaines productions comme Petty et The Evil That Men Do où les boucles de synthé rigidifient les nerfs. Donc pas facile de réaliser le grand schlem d’une écoute entière du disque et pourtant l’auditeur sera récompensé de son effort par un petit Anthem en l’honneur de la cité des anges, L.A. Time, qui fera valser votre taux de magnésium.

Si l’album n’annonce pas l’ouverture d’une nouvelle décennie pleine de surprise, C&U; Music Factory ravira les headz en recherche d’efficacité quitte à ne pas être trop regardant sur les petits détails. Uno Mas & Cookbook, sans cherché à être des serial-killers de la rime, livrent une prestation que l’on qualifiera de « true Hip-Hop » ni plus ni moins. De quoi patienter jusqu’à la première sortie emblématique de l’année…