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B. Dolan – Fallen House, Sunken City (2010)

Premier week-end sur NYC et cela tombe bien car sur Brooklyn, la première Bloc Party en plein air ouvre la saison. Fans de Hip-Hop et habitants du quartier s’entremêlent dans une ambiance survoltée. Le sound system est à bloque, sur scène les mcs vont et viennent du petit mc du coin en passant par les stars du mainstream actuel. Tout semble se dérouler sans anicroche même la NYPD profite du moment. Alors qu’une des grosses stars du South livre son show sur la scène un groupe habillé par de gros sweet à capuche noir se trouve un chemin jusqu’à l’escalier de la scène. Les bodyguard affectés à la sécurité de la scène jettent un regard au leader du groupe. Les yeux injectés de sang, il n’en faut pas plus aux videurs pour comprendre que leur vie importe plus qu’une confrontation à mort. Le groupe rentre sur scène, la star tatouée se retourne et lâche un « What a fuck » d’interrogation. Trop tard, le coup est parti, la tête du rappeur n’est plus qu’un trou béant, le mouvement de la foule paniquée ne se fait pas attendre, les cris se joignant à la cohue. Les flics prennent position flingue en l’air imité dans la seconde par la troupe du tueur qui se positionne à tous les angles de la scène ak-47 chargés. Le tireur s’empare du micro ensanglanté de sa victime, « I’m B. Dolan and I am You Fuckin’ Nightmare ! »

Alias, son bras droit, se place aux platines, le son part est amène tout son sens aux paroles prononcées par le mc. Bienvenue dans l’horreur, bienvenue dans Fallen House, Sunken City où la réalité du constat de B. Dolan vient vous percuter la gueule comme un 36 tonnes lancé à toute berzingue.

Si la mémoire collective a pour fonction de faire avancer l’humanité sans retomber dans la folie barbare des événements plus sombre de son monde, on ne peut nier que le peuple, lui a souvent la mémoire courte. Aurait-on oublié les années Bush ? Dolan envoie la sauce, les spectateurs médusés s’immobilisent, la brutalité des propos de Dolan leur coupe le sang. Leaving New York en passant par The Reptilian Agenda rappelle le désespoir lié aux années de l’administration Bush et l’événement majeur que fut le 9/11. Les vagues du flow de Dolan remplissent l’air et noient à petit feu le public. Cette impression d’eau polluée par la vanité et l’intérêt (dans le sens financier) rentrant dans les poumons s’accentuent avec Fifty Ways to Bleed Your Customer et The Fall Of T.R.O.Y. NYC est-il le nouvel Atlantis ? Ce jour là, dans Brooklyn, le tableau y ressemble et les productions noires à la limite du glauque lâchée par le très mystérieux et éclectique Alias n’en font que ressortir la noirceur.

Le discours activiste de Dolan semble faire oublier le carnage opéré. Armé d’un flow rageur et hargneux, B. Dolan livre une copie d’un Hip-Hop revenant à ses sources, pointant du doigt les discriminations et l’illogisme humain. Si l’atmosphère pesante de l’album peut rebuter, Fallen House, Sunken City est à l’image de sa pochette : une aventure autodestructrice où la fatalité semble la seule issue.

La musique s’arrête, B. Dolan jette à terre son flingue. Les policiers sont à cran car ils savent que le mc ne porte pas assez d’estime à la vie pour baisser les bras. Le bain de sang semble la seule échappatoire. Le regard vitreux de Dolan ne laisse transparaître aucun doute. L’étape suivante ? Seul Dolan pourra nous la conter.

15/20
B. Dolan – Fallen House, Sunken City (2010)
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