B. Dolan – Fallen House, Sunken City (2010)
Alias, son bras droit, se place aux platines, le son part est amène tout son sens aux paroles prononcées par le mc. Bienvenue dans l’horreur, bienvenue dans Fallen House, Sunken City où la réalité du constat de B. Dolan vient vous percuter la gueule comme un 36 tonnes lancé à toute berzingue.
Si la mémoire collective a pour fonction de faire avancer l’humanité sans retomber dans la folie barbare des événements plus sombre de son monde, on ne peut nier que le peuple, lui a souvent la mémoire courte. Aurait-on oublié les années Bush ? Dolan envoie la sauce, les spectateurs médusés s’immobilisent, la brutalité des propos de Dolan leur coupe le sang. Leaving New York en passant par The Reptilian Agenda rappelle le désespoir lié aux années de l’administration Bush et l’événement majeur que fut le 9/11. Les vagues du flow de Dolan remplissent l’air et noient à petit feu le public. Cette impression d’eau polluée par la vanité et l’intérêt (dans le sens financier) rentrant dans les poumons s’accentuent avec Fifty Ways to Bleed Your Customer et The Fall Of T.R.O.Y. NYC est-il le nouvel Atlantis ? Ce jour là, dans Brooklyn, le tableau y ressemble et les productions noires à la limite du glauque lâchée par le très mystérieux et éclectique Alias n’en font que ressortir la noirceur.
Le discours activiste de Dolan semble faire oublier le carnage opéré. Armé d’un flow rageur et hargneux, B. Dolan livre une copie d’un Hip-Hop revenant à ses sources, pointant du doigt les discriminations et l’illogisme humain. Si l’atmosphère pesante de l’album peut rebuter, Fallen House, Sunken City est à l’image de sa pochette : une aventure autodestructrice où la fatalité semble la seule issue.
La musique s’arrête, B. Dolan jette à terre son flingue. Les policiers sont à cran car ils savent que le mc ne porte pas assez d’estime à la vie pour baisser les bras. Le bain de sang semble la seule échappatoire. Le regard vitreux de Dolan ne laisse transparaître aucun doute. L’étape suivante ? Seul Dolan pourra nous la conter.