K. Sparks – A Day In The Life (2010)

Persévérance et droiture sont les qualités qui définissent les armes à posséder pour lutter contre les péripéties du dur et long parcours réservé aux MC newbie. Il en faut de l’obstination pour réussir à s’imposer dans la sphère fermée et sans concession du rap, et l’accessibilité au premier album, suite à une longue traversée du désert, ne se conclut pas forcément par la reconnaissance et l’estime du public et de ses comparses. Au même titre qu’un Skyzoo, K. Sparks ne fait pas exception à la règle et la consécration d’un concours passé au début du nouveau siècle n’était pas un gage de facilité. Si DJ Green Lantern avait loué ses performances ce n’est pas pour autant que les majors ou les labels s’étaient emparés du talent prometteur. La suite ? Dix ans passés à racler des apparitions sur des mixtapes et quelques participations en guest, et, aujourd’hui, K. Sparks vient présenter le condensé d’une longue péripétie. A Day In The Life est donc une consécration personnelle, une bataille de gagner, encore faut-il que le public soit séduit.

Si enregistrer un album est le but principal de tout mc contemporains, la structure même de l’opus amène une réflexion poussée : un producteur unique ou une ribambelle de beatmaker pour le côté multi facette ? Un thème général ou une démonstration de force ? Pour K Sparks, le choix s’est porté sur un projet assez court de 10 titres avec un seul producteur du nom de G.C avec comme fil conducteur une journée dans son quartier d’origine : le Queens d’où le titre bien choisi de A Day In the Life.

Si le nom de G.C ne vous dit rien ce n’est pas un manque de culture générale mais juste que le producteur fait partie de cette liste interminable de beatmakers plus ou moins talentueux qui, au même titre, que la nouvelle génération de mcs doivent lutter chaque minute pour s’imposer. Si G.C ne transpire pas l’avant-gardisme ni l’ingéniosité, on ne pourra pas, par contre, chercher la petite bête sur la qualité de son travail. Influencé par une vibe Jazz et Soul agrémentée de Boom Bap qui caractérise une partie de la scène new-yorkaise. Des productions délivrées sur mesure pour K. Sparks sans réelle fausse note exception faite le pompeux Watching Me.

Mais revenons à K. Sparks, le mc a du métier et malgré cette attente interminable pour sortir son album, le mc a su profiter de ses moments noirs pour apprendre et observer. Ces compétences acquises auprès d’autres mcs lui permettent de sortir un projet carré et maîtrisé dans l’ensemble des domaines. Une maîtrise du flow percutante comme sur My Block, un storystelling appliqué sur Karma et une introspection pertinente comme sur Salvin et Mind Elevation avec le talentueux Cymarshall Law. Si K. Sparks ne marque pas l’auditeur par une aura incroyable au mic, son travail très peaufiné impose un certain respect. Droit dans sa ligne directive, K. Sparks épaulé par G.C mais aussi par des guests de valeur comme Sean Price sur le très percutant Keep Movin ou Dave Barz, percutant sur My Block, séduira par sa persévérance. Bien sur, le public pourra être partagé sur l’utilisation trop répétitive de Julius Francis pour les refrains chantés quoique Jezebel sur une vibe aérienne à RJD2 devrait mettre tout le monde d’accord.

Au final, si l’album ne sera jamais en tête du panthéon du rap, ce n’est pas pour autant qu’il doit être mis de côté. Par respect pour le travail délivré par G.C à la production et K. Sparks au mic, cet album mérite une chronique qu’importent son auteur et l’influence sur les listeners, que vous aimiez ou non, son écoute mérite votre attention.