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Roc Marciano – Marcberg (2010)

 

Synopsis : 

Hempstead, petite commune de Long Island à New-York, les habitants vivent au rythme des règlements de compte entre gang. Zone de non droit, les enfants dealers ont envahi les corners se livrant à une vente continue de stupéfiant de tout genre pendant que la police et l’Etat sont aux abonnés absents. Duke aka Roc Marciano dirige un jeune gang, les Royal Pythons, son ambition n’a de but que de conquérir le territoire de leur gang ennemi les Wolves. Mais quand un des Royal Pythons se fait tuer lors d’une rixe contre les Wolves, Duke sait que l’issue du conflit sera fatale. Armé d’un mic refourgué par Priest, mac et caïd local, Roc « Duke » Marciano sort l’artillerie lourde, le sang va couler dans les ruelles crasseuses et sans espoir d’Hempstead. Tha Marcberg season is opened !

S’il faut que jeunesse se fasse, ce n’est pas pour autant que Duke n’a pas acquis la sagesse des années passées à écumer le bitume. Entouré de ses proches et de Luanne, bitch du gang, il squatte l’appartement puant et repoussant d’un immeuble précaire. Faisant les 100 pas, il se remémore les souffrances d’une vie passée, « Macberg devra représenter ma vie et celle des miens. Pas d’entourloupe que du vécu, cette shit sentira la vérité ». Ses soldats acquiescent en silence, ils savent que Duke se lance dans une bataille en solo que ce soit au mic que sur les instrus qu’il peaufinera lui-même au débit de ses armes.

Son flow froid et calme se répand sur les rues d’Hempstead comme une averse de neige, Real Raw, Thug Prayer ou Snow glacent le camp ennemi par un discours brut et hardcore ponctué par un delivery en complète harmonie avec ses instrus. La première salve lyricale décime les lignes ennemi, l’aventure continue en drive by shootin’ sur Ridin Alone, au volant de sa caisse, Duke s’imagine roi de la ville et voit la route de la réussite se dessiner sur Jungle Fever. Mais seule la tournure de la confrontation finale exhaussera ou non son rêve. L’atmosphère devient brutale et sanglante, quand Panic déboule dans les oreilles. Le sang coule à flow dans les projects mais la ferveur de Duke l’amènera-t-il à la couronne ?

Scénario :

Marcberg se présente comme un docu-fiction dans la grande tradition des story tellin’ comme OB4CL de Raekwon ou Reasonable Doubt de Jay-Z. La partie documentaire est clairement défini par le vécu propre de Roc Marciano ce qui explique le côté solitaire du disque par un seul featuring par rapport aux exemples cités. Niveau fiction Roc puise son inspiration du film The Cool World dont certains dialogues viennent agrémenter l’album. Dans ce film, le personnage principal se dote d’une arme afin de conquérir le monde et se faire de l’argent. Pour Roc, l’arme se matérialise en mic. Le tout additionné permet à l’album d’offrir une galette brute et réelle.

Production :

Roc Marciano n’est pas connu pour être un beatmaker mais un mc underground. S’il a fait ses armes à la production sur quelques tracks de son groupe désormais dissolu The U.N., on reste assez surpris de le retrouver sur l’ensemble de la production de l’album. Durant son parcours Roc a souvent croisé la route de Pete Rock et Large Pro et on le ressent dans la vibe de Marcberg. Pour autant, on est loin d’un copier/coller insipide. Sur ce point Roc Marciano est allé puiser dans le soul la plus dark possible composée de sonorité angoissante et crasseuse. Armé de sa MPC2500, Roc se transforme au sniper de sample et shoote les plus psychédéliques comme sur Panic ou Pop. Si l’inspiration des sonorités est clairement identifié dans la vibe 70’s (Hide my Tears), le choix des boucles minimalistes, It’s A crime ou Don Shit, revient d’abord à la cohésion avec ses textes.

L’acteur :

Duke aka Roc Marciano est un enfant des project de Terrace Avenue, il rêve d’accéder au sommet mais son parcours est parsemé d’embuche qui se matérialise par les règlements de comptes, la drogue et les putes. Sans rentrer dans la surenchère, Roc Marciano livre un story tellin’ réaliste ponctué par un flow maîtrisé du début à la fin. Son débit glacial ponctué par des variations ajoute à l’atmosphère austère du disque. Le manque de personnages secondaire n’est pas une faiblesse en soit et permet de concentrer le fil de l’histoire sur Duke.

Critique :

Marcberg est la grosse surprise de cette année 2010. Si la qualité de Roc est indéniable, on pouvait douter d’une réalisation personnelle qui tienne la route. Roc Marciano a pris son temps pour faire cet album et a surtout su mettre toute les chances de son côté. En effet, en mettant l’accent aux préalables sur ses textes, le mc a su fournir à son alter égo beatmaker la matière de travail pour rendre un univers musical sur mesure. Album homogène mais surtout personnel, Roc Marciano crée un lien avec le listener en l’invitant à suivre ses péripéties sans temps mort. Une masterpiece qui enterre tout scepticisme concernant un renouveau du rap. Roc Marciano vient de taper un gros coup dans la fourmilière en ouvrant une brèche dans cette ère Hip-Hop morne et sans ingéniosité.

 

18,5/20
Roc Marciano – Marcberg (2010)
2 vote(s)

7 comments on “Roc Marciano – Marcberg (2010)

  1. Crazy Horus on said:

    En effet on a lu la ou les mêmes interviews ! En même temps obligé car le mec en donne peu et comme je l'ai dit dans ma chro' le mec est assez discret. Comme quoi faut fouiller un peu partout pour trouver de l'info, on a la même méthode ;) Sinon ouais gros gros album. Je connais des personnes qui ont été déçues car les prods étaient trop "molles". Pour moi c'est tout l'inverse. Poussiéreux, sombre, minimaliste et épuré, je kiffe. En tout cas originale ta review !

  2. SnowgoonS on said:

    J'aime beaucoup ta façon de retranscrire les histoires, les vécus, en te lisant j'avais l'impression de faire les cent pas avec lui dans son apparte puant.Très bonne critique que tu nous as fait là !

  3. Drill on said:

    Sincérement merci pour ton comm' Snowgoons, ça fait plaisir et ça motive à continuer dans cette voie.Pour aller encore plus loin dans l'atmosphère du disque The Cool World, le film référence de l'album, est disponible en visionnage gratuit sur Youtube et c'est juste un grand moment de cinéma. Filmé comme un documentaire mais restant une fiction, c'est une vision dure mais réelle de la société américaine.

  4. TD20b on said:

    Belle chronique Drill, du bon taf.The Marcberg sent grave la rue, vibe sombre, avec des crépitements de vinyle, bref du Hip Hop dans une de ces formes que j'apprécie le plus. Et surpris aussi qu'il est assuré toute la production à lui seul, je note quand même sa vibe ressemblant aux P Brothers qui l'accroche vraiment bien avec sa voix, bref mon skeud de 2010 pour l'instant. Real HH shit.

  5. Bad Lieutenant on said:

    Une chronique de tafiole pour un disque de tafiole….17/20 pour ne pas passer pour homophobe.

  6. Christopher on said:

    en effet très bonne critique , respect mec , bonne continuation

  7. Très bonne chro' poto!Le skeud est louuurd skeud de l'année pour l'instant ce que je kiff c'est bien sur l'atmosphere bien dark les beats bien crasseux mais aussi le mec au mic il a de la tech et ca me fais super plaisir parceque de nos jours c'est pas tout le monde qui te sors de bon lyrics avec de la forme…bref c'est juste triste que ca soit encore la soupe pour gamine de 16 ans qui vende et que des mecs comme ca n'obtiennent que le succès d'estime mais bon…

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