Everliven Sound – Freedom II (2010)

2010 voit sa fin proche en ce mois de septembre. Pourtant l’heure du bilan n’est pas venue et un jugement serait très précoce sachant que du beau monde devrait se présenter dans les bacs d’ici la fin d’année. Pour autant, il y a un point négatif qui ressort tout de même de ce début de décennie. Loin d’aller chercher des points de comparaison entre la old-school et la new-school ni à savoir si cette année est un retour aux sources, on remarquera que le rap manque de vitamine ou de punch. Il est vrai que la vibe soulfull, ce qui n’est pas pour déplaire, fut omniprésente et que les rythmes percutants qui donnent envie de se déhancher sont aux abonnés absents. Alors quand les frères mcs Cymarshall Law et Skit Slam formant le groupe Everline Sound débarquent pour célébrer, de nouveau, la liberté sous tout ses angles avec ce second effort « Freedom II », on se dit que la bonne humeur et les fat beats vont être de sortie.

Si le nom de Skit Slam n’évoque rien de particulier à part pour les initiés à l’époque de Scienz Of Life, celui de Cymarshall reçoit un echo mérité depuis quelques temps. Suite à son 1^er solo très soulfull Hip-Hop in the Soul avec le très prometteur producteur Mr Joeker, Cymarshall Law avait réussi à conquérir un public assez large confirmant les prédictions du label Rawkus qui l’avait intégrer dans la liste des 50 « next most important artists in Hip Hop ». 

Pour que l’ambiance prenne, on pourra compter sur les racines jamaïcaines des deux frères très bien restituées, et c’est un comble, par les scandinaves The Beatnikz. Alors s’il est assez surprenant de faire appel à deux gus du grand froid pour reproduire une ambiance west indies, le résultat sur la forme reste aussi coloré que la pochette de l’album.

Mais il ne sert à rien de s’emballer pour autant car comme à son habitude l’arrivé d’une ligne musicale homogène pâtît souvent d’une redondance ennuyeuse. Et le rabâchage musical des Beatnikz sur le fond est plus qu’omniprésente montrant assez rapidement les limites de leur apport. Si le duo montre de réelles capacités à produire des fat beats percutants, le manque de créativité, par moment, minimise l’intérêt de l’album surtout pour avec une composition de 18 pistes.

De leur côté, Cymarshall Law et Skit Jam trouvent une certaine complémentarité sur la thématique grâce une vision consciente du Hip-Hop sans pour autant rentrer dans la vendetta politique et très loin d’une vision Gangsta. Des thèmes tournant sur la liberté avec un certain détachement perturbant pour l’auditeur habitué à un mouvement plus revendicatif que passéiste sur ce genre de sujet. Niveau technique, la déception pointe assez vite le bout de son nez. Si Skit Jam n’a jamais réussi à passer la barre supérieure en restant dans le bouillon commun des rappeurs lambda, on ne pourra pas lui reprocher son manque d’implication malgré le même résultat qu’un antidépresseur au niveau de sa prestation. Par contre, Cymarshall Law détone de part des prestations d’une banalité déconcertante. Si le constat négatif sur le mc s’arrêtait là, la charge serait anecdotique mais malheureusement Cymarshall Law tombe dans les abimes par une prestation forcée et pas du tout adaptée à la vibe distillée par les Beatniks.

Mais contradictoirement au propos ci-dessus, cette galette est loin d’être décevante et garantit à l’auditeur un nombre de morceaux de qualité suffisants. A retenir, l’hymne à la joie fumant Ms Liquor Spliff, le percutant Credit Crunch en compagnie C-Rayz Walz ou Elements avec El Da Sensei, et enfin Follow My Lead et le morceau d’ouverture Get Up Stand Up.

Ce Freedom 2 rassasiera pour un temps (surement limité) tout fan du genre mais ne marquera pas cette année. On pourra même se poser la question de l’utilité réelle d’Everliven Sound car entre un Skit Jam mollasson et donc endormant et un Cymarshall Law dans la surreprésentation vitaminée mais fatiguant pour les oreilles, la complémentarité en est forcément affectée. On émettra un doute plus qu’une certitude en attendant l’arrivée d’un Freedom 3.