Skip to content

Click Animosity – Feeders Of The Flamez (2010)

Sortir de la masse en dehors des clous, faire les choses sans se soucier des avis et accepter qu’un brin de folie et de haine soit un élément moteur dans l’ensemble de sa créativité, ces trois éléments réunis peuvent-ils s’incorporer dans la définition d’un artiste et plus généralement d’une œuvre musicale ? L’aseptisation lancinante mais vorace du mouvement Hip-Hop ne l’a-t-il pas rendu, au fil des années, aussi clean que les narines de Robert Downey Jr ? En 1979, les pioners des blocs party des borough de NY criaient au scandale que leur mouvement se soit vendu au formatage 33T de l’industrie musicale prédisant la mort du Hip-Hop plutôt que de se préoccuper de la recherche artistique délivrée par les Sugar Hill Gang, en clair la forme plutôt que le fond. 30 ans plus tard après une multitude de morts et de renaissances apparentant le rap à Keny de South Park, le listener actuel continue de déplorer le formatage du formatage du mouvement sans trouver de points communs dans leur revendication avec les anciennes générations puisque le fond inquiète plus que la forme. Alors si aujourd’hui un crew sans logique jouant à fond la carte des cramés de la tête délivraient un album sans sens, sans fil continue et où l’ensemble serait délivré sur un une galette histoire de dire, cela suffirait-il à apaiser l’image de petit enfant sage qui colle au rap ?

Direction Boston, loin des banlieues toutes propres qui n’ont rien à envier à nos maisons témoins françaises ayant hérité du gêne reproductif du lapin et rendez-vous dans une rue crade dont émane une odeur aussi tranchante que de la coke coupée à la poussière de verre. Des bruits stridents s’échappent par intermittence, les silhouettes se font plus nettes et au premier abord rien ne semble indiquer que les 3 personnages qui se dessinent, revêtent un taux de folie transformant tout simple passant en victime d’homicide potentiel. Pourtant les yeux de Gage One, Trust et Rhetoric ne trompent pas variant de la normalité des mcs typiques de l’underground attachés aux valeurs des 90’s à la folle brutalité du horrorcore des Gravediggaz. Mcs à double casquette officiant dans la catégorie dépeceur de mc à l’ancienne, les 3 représentants principaux (les autres étant soit morts, soit en prison ou soit trop barrés pour ne pas souffrir de claustrophobie mutilatrice dans un studio) du crew Click Animosity arment sur nos tempes Feeders Of The Flamez comme un avertissement avant l’arrivée massive de sorties prévues en 2011.
La gâchette musicale enclenchée, c’est une balle à défragmentation qui atteint chaque partie du tympan. Pas d’affinage avec amour, que de la matière première brut lourde et sans forme estampillée Click Animosity, la démence sonore propagée par le beat minimaliste et glacé de DJ Extremediz sur Lyricist Supremacist donne aux trois mcs l’opportunité de montrer que leurs poches sont bien fournies. Boucle de piano qui semble inaccomplie Back When de Vee Eye décédé récemment montre la double facette d’un crew jonglant entre l’amour d’un Hip-Hop à l’ancienne et les douleurs infligés par la vie justifiant la partie horrorcore du crew (pour info, Rhetoric est aussi membre du groupe Evil Dead). Dans cette univers loin de la vibe shaolin mais aussi tellement proche d’un style de vie à la Wu Tang, il n’est pas étonnant de croiser Shabazz The Disciple en mode Gravediggaz sur une instru douce et trompeuse de Prophet One que le flow rageur de chaque protagoniste vient tabasser comme un exutoire. On reste dans ce registre avec une bastos de 45 Clautraphobia de DJ Extremediz réunissant la légende Craig G du Juice Crew, un underground banger vif et colérique addictif. Stricte et efficace Gramz Of Raw (Propeht One à la prod) met en avant une combinaison meurtrière avec l’apport de Slaine qui démontre une fois de plus sa capacité d’adaptation à tout type de beat. Versatile et sans cohésion, les Click Animosity continuent leur délire « nique tout » à la Funky Family (sans le côté funky) en posant sur Bullet Teeth agrémenté d’un sample de jazz assez académique. Les tracks s’enchainent sans recherche de fil conducteur et aussi surprenant que cela puisse paraître cette anarchie se digère aisément. Malgré tout, la baisse de tension et le manque de souffle en milieu d’album se fait sentir, sans être catégorisés fillers Ride For The Authentic, Hip-Hop Hand Grenades (assez intéressant tout de même et encore produit par Vee Eye) et Just Spit servent de trou normand sanglant avant d’attaquer la seconde partie du délire sous psychotrope de Gage One, Trust et Rhetoric. L’omniprésent DJ Extremediz redémarre les hostilités sur une épopée guerrière, Via Frontlines, tout à fait en adéquation avec l’orchestration gore du trio. Un air de déjà entendu éclabousse Grow Man Biz, dommage car la combinaison posse cut était bien ficelée. On entre dans une ambiance de psychose à la Amadeus The Stampedge avec ColorsRhetoric vient voler la vedette à ses comparses en délivrant une prestation digne d’un mc étiqueté schizophrène. Boucle soul inspirée des productions traditionnelles de la grosse pomme et on s’aperçoit que l’éventail du crew est largement ouvert avec l’enchainement Unseen Faces et Black Roses où, dans le dernier cas, les Wisemen viennent croiser le mic avec beaucoup plus de réussite que leur dernier essai Children Of A Lesser God. On finit sur une note dark histoire de revenir aux fondamentaux du crew avec le retour aux manettes de Purpose sur le remix de Paint Pictures.
On trouve réellement de tout sur cette galette complètement difforme mais en complète adéquation avec la philosophie de ce petit crew de Boston. Feeders Of The Flamez contient ses désagréments et peut dérouter par son illogisme mais reste une belle entrée saignante pour faire nous patienter avant la sortie des solos des membres en 2011.
14/20
Click Animosity – Feeders Of The Flamez (2010)
0 vote(s)

One comment on “Click Animosity – Feeders Of The Flamez (2010)

  1. SnowgoonS on said:

    Marrant parce que au moment ou je lance l’écoute de leurs dernier projet "Charred Remnants EP" je tombe sur ta chro…Chro d'ailleurs très étoffé très détaillé, le skeud à peine lancé je kiffais déjà, le coté torturé juste dément… nan du lourd, là l'EP vient en plus mettre en avant le fait qu'ils sont capable de s'adapter à tout types de beat… bref c'est du bon, crew à suivre de prés de très prés !!!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Les balises HTML ne sont pas autorisés.