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Action Bronson – Dr Lecter (2011)

Un an jour pour jour après avoir consacré bien en avance Roc Marciano comme mc de l’année grâce à son énorme album Marcberg, je me devais de trouver un remplaçant ayant la carrure de porter le titre de MVP sans se le faire voler en cours d’année. Et quitte à remettre ça, pourquoi ne pas doubler la mise en pariant sur un poulain dont l’album n’entrera pas dans le top 5 de l’année (voir même le top 10) ? Chiche, je fonce ! Donc Mesdames et messieurs, venu tout droit de Flushing Queens, proche des Lo-Lifes et membre des Outdoorsmen, cuistot de première classe, Casanova des octogénaires pro-nudistes du torse avec un regard de serial killer dans une démarche de papa ours, je vous remercie d’applaudir l’homme originaire des Balkans, le sosie blanc de Ghostface Killah, Monsieur Action Bronson, 2k11’s MVP !!!!

Aucune surprise dans ce choix car la fin de l’année 2010 laissait apparaître une tendance musicale en provenance du Queens. Si beaucoup voyait Meyhem Lauren et J-Love prendre la tête avec Self Induced Illness, c’est au final Action Bronson qui impose sa pate et chipe la vedette. Pour autant, l’arrivée de Meyhem Lauren et sa capacité à délivrer des produits de qualité n’est pas étrangère au succès du second et cela grâce à une stratégie marketing bien huilée et menée de main de fer par l’homme de l’ombre J-Love. Avec une tactique anti industrie mais pour autant loin d’être allergique à la vente en masse, J-Love a créé une réelle franchise avec son logo, un style vestimentaire particulier (et disons-le complètement dégueulasse mais complémentaire au styles des gars du Lo-Lifes Crew) et une palanquée de mcs à très fort potentiel. En clair comment appliquer au rap underground le modèle d’appellation d’origine contrôlée de la grande distribution. Et ça marche ! Car si le 1er essai de J-Love et Meyhem Lauren Acknowledge Greatness avait reçu un accueil assez glacial malgré une liste exponentielle de mc de renom, depuis un an le débit constant des mixtapes ne s’arrête pas et derrière la qualité parfois douteuse du contenu, il y a un signe qui ne trompe pas : une équipe de choc au mic. En commençant par Meyhem Lauren que l’on ne présente plus avec son Got The Fever addictif, Action Bronson, Shaz Ill York ou encore AG Da Coroner en plus des gars comme Maffew Ragazino qui volent au-dessus du crew comme des mouches autour du vinaigre.  Vous pensiez être à la page en misant sur les surprenant mais très creux OFWGKTA malheureusement il faudra délaisser les sonorités californiennes teintées de blattes car  le seul lieu hype à squatter est le deli crado de la 59th Street Bridge localisation Queensboro bridge.
(Les Outdoorsmen : Ag Da Coroner, Meyhem Lauren, Action Bronson & J-Love)
Mais revenons à notre cuistot albanais, alors que rien ne laissait prévoir une sortie imminente d’un album après la sortie de sa très romantique mixtape « bon Appetit, bitch », voilà que Bronsolino lâche sa carte de visite « Dr Lecter » sans aucune promotion et en dehors de l’égide de J-Love puisque que l’ensemble de la production est concoctée par Tommy Mas le producteur des très déjantés Team Facelift (dignes héritiers des Beastie, la bio de leur Myspace mérite le coup d’œil).
Dr Lecter est donc une réelle présentation du personnage car comme son alter ego Action Bronson revêt deux entités ; la première, celle d’un fin gourmet (et on ne parle pas de soul food et autres Mama’s fried chicken qui poussent à chaque corner du Queens) qui ne rechigne pas à faire hausser son taux de cholestérol si la cuisine le mérite (Ronnie Coleman et Brunch). La seconde, celle d’un looser qui passe son temps à fumer des joints en matant par sa fenêtre ou à  aller se taper des putes dans les Jets Inn de la zone d’activité de l’aéroport de LaGuardia (Shiraz) et qui, un micro à la main, devient un serial killer capable d’enchaîner des lyrics complètements déjantés et à garder un storytellin’ très bien ficelé (le parallèle entre sa vie et les stars déchues que sont Barry Horrowitz, Ronnie Coleman et Larry Csonka démontre un assaisonnement lyrical très bien maîtrisé). Doté d’un charisme permanent sur ses interprétations, Bronson se transforme comme un élément moteur pour son entourage et plus particulièrement pour Meyhem Lauren. Comme sur Self Induced Illness, le membre des Lo-Life excelle particulièrement quand le niveau microphonique l’en oblige. A ce compte la rivalité amicale avec Action Bronson fait du duo l’un des combos les plus prometteurs du rap actuel (Bag Of Money).  Et quand la clique (Shaz Ill York, AG Da Coroner) déboule sur Suede et Chuck Person on se replonge assez facilement dans les premières écoutes du Self Induced Illness (il est assez amusant de faire le parallèle avec les jaquettes qui dans les deux cas ont pour thème plus ou moins principal : la nourriture). Ce qui démontre une certaine omniprésence du Queens en cette année 2011 (en plus de la sur-médiatisation de la sortie de prison  de Prodigy).
Alors, comment se fait-il, qu’avec un  laïus si pro-Bronson, cette chronique ne va pas se terminer avec une note capable de rivaliser avec un Nineteen Ninety Now ou un Marcberg ? Et bien tout simplement car la production ne tient pas la cadence. Avant tout, on remerciera Tommy Mas d’avoir agrémenté la cuisine lyricale d’Action Bronson d’un filet d’huile de funk, avec une pointe de soul oscillant dans l’univers blaxploitation et le mythe du mac justicier stylé à la Black Dynamite. Mais le beatmaking ne s’arrête pas à des clins d’œil, c’est un art qui se maîtrise et le but n’est pas pour l’auditeur de cramer l’ensemble des samples utilisés ou de s’interroger sur la pertinence d’utiliser une simple boucle sans la retravailler (après l’album peut servir comme Blind Test en fin de soirée). Alors musicalement, ce Dr Lecter s’écoute aisément et comme sur Barry Horrowitz (sample de Dry Bread) ou sur Larry Csonka (sample de Anglo-Saxon Brown), le rythme est prenant mais pour autant sur une galette qui se veut être un premier album officiel (et non une mixtape ou encore un street album) ce travail aux manettes relève un certain amateurisme de la part de Tommy Mas et  Action Bronson. Et puis, histoire d’enfoncer le couteau une dernière fois, on se demande forcément quel intérêt revêt l’intégration dans la tracklist de l’ignoble Get Off My P.P. et le soporifique Beautiful Music (surtout que les 2 tracks concluent l’album) ?
Avec ce premier essai, Action Bronson vient directement se placer dans le petit clan des meilleurs mcs de l’histoire du rap. Le natif du Queens arrive à combiner, en moins de 3 ans de pratique, un flow et des lyrics (sur le fond comme sur la forme) d’un niveau rarement atteint ses dernières années. Si ce premier essai connait certaines lacunes qui gâchent un peu l’enthousiasme de son écoute, il est clair qu’Action Bronson est dans le viseur du Hip-Hop et qu’il lui reste encore 6 mois pour défendre son titre de futur MVP de l’année 2011. A moins que l’arrivée surprise et très regrettable de Statik Selektah comme producteur unique de son prochain album vienne de nouveau gâcher notre joie comme à son habitude…
14/20
Action Bronson – Dr Lecter (2011)
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5 comments on “Action Bronson – Dr Lecter (2011)

  1. Anonymous on said:

    j partage ton avis sur l marcberg de Roc Marcy j' partage aussi ton avis sur le action bronson et sa claique…en revanche j' t ' ai trouver un peu rude sur ta critique des prods j' ai trouver c docteur lecter plutot bien ficelé au niveau production.les sonorités sont originales dans le rap game d' aujourd hui….et en plus coherantes entres elles.un seul producteur une seule couleurs pour un meme album , un peu comme a l' epoque des grands groupes de rap….j' ai trouver cet album rafraichissant et relaxant….un bon produit pour les BBQ cet été .ceci dit longue vie a ton blogNosta OnePZ

  2. Drill on said:

    J'ai mal orienté mes reproches sur les prods. Je les trouve aussi bien ficelé dans la thèmatique musicale donnée à cet album. Par contre je trouve pas le travail de découpage exceptionnel,on a une impression d'album qui a été laché trop rapidement et qu'au final certains détails sonores n'ont pas eu le temps d'être mieux peaufinés.Merci pour tes encouragements et à bientôt !

  3. Bad Lieutenant on said:

    A part 1 ou 2 exceptions elles fouetent les prods, un vrai gachis. T'ecoutes son freestyle sur The Come Up tu pleures tellement ca tue et le pire est que son prochain skeud est avec Statik ce qui annonce encore un album moyennement produit meme si ca risque d'etre mieux… Bref Bronson sur de grosses prods et t'as une tuerie assuree, le gus est le meilleur new comers de ces dernieres annees mais faut il qu'il est une oreille ce dont je ne suis pas certain….Bref best track… Jerk Chicken…

  4. SnowgoonS on said:

    Ha mais c'est confirmé la collab avec Statik… failComme le dit Bboy un sentiment de gâchis, perso le mec a beau être au dessus j'attends quand même de voir ce que ca peut donner sur un projet travaillé et peaufiné entièrement si projet de ce genre il peut y avoir…Sinon la chro et bien bonne, bien complète, on ressent aisément tout le bien que tu penses de lui et l'espoir que tu lui portes, en fait tu parles quasiment de façon engagé…

  5. Drill on said:

    Le Statik, je flippe méchamment et surtout je comprends pas que J-Love lui produise pas la galette…

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