Classified – Handshakes and Middle Fingers (2011)
- C’est la première fois que vous venez consultez ? dit-il en tapotant le cuir de son club
- Ouais, ce n’est pas dans mon habitude mais là j’en ai besoin.
- Hum, je vois que vous avez déjà pu faire un point sur votre situation.
- Non, ça arrive du jour au lendemain, la vieille vous vous foutez de sa gueule et le lendemain vous prenez un claque musicale.
- Heu désolé mais là j’ai du mal à suivre, vous êtes là exactement pour quoi, questionne suspicieusement le psy.
- On parle de musique, de ce qui est censé être bien ou ce qui ne l’est pas ! affirme nerveusement l’homme assis en face.
- Je pense que le problème est plus profond et que ceci n’est que la surface, va falloir creuser pour trouver la source.
- Lâcher votre souhait d’introspection la situation est facile : je kiffe le rap mais attention le Hip-Hop de New-York des années 80 et 90, je suis clairement la définition du vieux con puriste qui aime qu’une seule sorte de rap et qui exècre le reste.
- Hum et donc ?
- Et donc ? bah je suis sensé être allergique à la merde quoi !
- Vous convenez que c’est une définition personnelle et que forcément je ne suis pas plus renseigné.
- Ouais si vous voulez. Bref un jour, je n’avais rien à grailler… enfin à écouter donc je traîne sur les forums et je tombe sur l’album d’un mec du nom de Classified qui lâche Handshakes and Middle Fingers. Je télécharge le truc et dès la première écoute je me délecte à le casser, en plus le mec est canadien donc ça fuse !
- Canadien ? Quel rapport avec le sujet ?
- Non laissez tomber, c’est comme les blagues belges mais outre atlantique…
- …
- Donc je m’arrête à cette première écoute en me disant que décidément le rap part en couille avec ces nouveaux mcs sans charismes et en manque de thèmes percutants. Sauf que voilà une semaine après je réécoute l’album est là, j’adhère…
- Rien n’est figé dans la vie, pourquoi rester bloquer là-dessus ?
- Parce que je ne le comprends pas. L’album est trop hétéroclite on a l’impression d’avoir une grand marmite de tous les types de productions que le rap peut offrir et ça tient debout. Pop, Jazz, funk, électro et rap se côtoient sans pour autant déranger mes oreilles !
- Maturité musicale ?
- Aucun rapport j’ai failli gerber en écoutant Tyler The Creator… Et lui son travail d’écriture ne me saoule pas pourtant les thèmes ne sortent pas de l’ordinaire. On baigne même dans les thématiques gnan gnan comme sur Stay Cool et son saxo en arrière plan mais sa prestance et son flow gomment ses imperfections. Et même quand il se la joue rêve américain à la Will Smith sur Passion, l’instru prend le relais.
- Une overdose de vos préférences ?
- Non même pas, j’excuse même Large Professor d’avoir pondu l’amateur Personal Freak sur Still On The Hustle c’est vous dire mon attachement. Non là même au niveau des invités on est dans l’hétéroclisme absolu. On se retrouve avec un Joe Budden qui vient taper son verse sur Unusual et son hook de bord de mer ou encore Brother Ali sur le délire pipo Maybe it’s Just Me !
- Alors c’est un passage ?
- Toujours pas, il y a vraiment des sons que je continuerai à écouter comme That Aint Classy genre de son qui te fait taper la cinquième sur une communale ! Le regard critique de Step It Up ou encore Unusual pour cette atmosphère baignant entre la lumière et l’obscurité.
- Et donc vous ne lui trouver aucun défaut ?
- Bien sur que si, il y a des sons qui naturellement me rebutent comme The Day Doesn’t Die, They don’t Know vraiment trop niais à mon goût ou encore l’endormant Young Soul (drôle d’utilisation d’un classique)…
- Le problème c’est qu’il n’y a pas de problème. Vous voyez cette ouverture comme une tromperie ou comme une infidélité mais au final cela reste de la musique et tant qu’elle est bien faite c’est ce qui compte. Avec cet album, Classified a réussi à varier les thèmes musicaux et emporter avec lui un public de tout bord. L’album joue sur sa fraicheur et sa juste maîtrise, tout simplement.
15/20
Jamais trop apprecié le bonhomme mais ta chro m'a bien fait marrer et elle est bien pensée donc je vais m'y pencher, à plus tard…
Assez agréablement surpris, ça commence très fort, par contre Banner je peux plus…Comme tu le dis il y a toute sorte de sonorité, à la première écoute c'est assez troublant mais par la suite le tout semble étrangement cohérent.J'aime bien le travail qu'il a fait sur They don’t Know au niveau de la prod, j'aime beaucoup Desensitized, après il y a beaucoup de son poubelle ou de thème bateau… d'ou mon étonnement aussi pour le 15, perso 12 c'est déjà bien…
Ouais faut le voir comme un album divertissant qui permet de s'aérer sur une autre base que celle habituelle.