Skip to content

DJ Jean Maron – True School (2014)

La musique est souvent une affaire d’Hommes, de sous et de volonté car sans ça vous aurez beau être la dernière perle du beatmaking avoir un talent hors-norme, une technicité de pointe et l’oreille absolue, votre reconnaissance relèverait plus du miracle que d’une évidence. Et la volonté dans le rap, il y en a à défaut de talents, dure de conjuguer les deux, on retrouve chaque jours une liste de nouveau beatmakers plein de bonnes volontés et malheureusement pour nos oreilles sans aucune valeur ajoutée au rap. Des gens qui vivent Hip-Hop, mangent Hip-Hop et nous chient de la merde. De la volonté et quelques dollars en poche peuvent donc permettre à n’importe quel con de taper sa minute de gloire (pour lui seul) ou plus tôt un epic fail (pour nous) tout en venant dégueulasser l’honneur de certains grands noms eux-mêmes trop avides de quelques dollars donnant un tout exaspérant de médiocrité. Parmi cette mélasse, on peut parfois tomber sur un mec qui cumule volonté, un bon budget et efficacité : DJ Jean Maron, luxembourgeois de son état comme quoi le rap n’a pas de frontière. Et l’homme n’y va pas avec le manche du flingue mais dessoude directement en ramenant du très lourd  monde sur son album qui rien qu’au titre cherche à taper haut : True School. Du pâté dans les guests et de la rillette dans le titre y a intérêt à ce que Jean Maron est la fibre du tripier de père en fils et que le plateau de charcuterie supplément cornichon soit fourni et sente fort le boom bap artisanal…

Pour ceux qui ne connaissent pas le nom de DJ Jean Maron, on les invitera donc à consacrer un peu de temps sur son premier jambon fumé avec M-Dot Run MPC qui posait déjà les bases d’une ligne de charcutailles très efficace et complétement axée dans le golden age, bref on cuit le chou façon mémé chez le Jean-Jean. Et malgré un goût très limite sur les doudounes plastiques pour Run MPC et une chaîne roro un peu trop vintage pour ce True School, DJ Jean Maron transpire l’authenticité. Il n’y a donc pas de surprises à le retrouver dans cette configuration, certains trouveront sûrement la démarche très hautaine mais il ne faut pas oublier que le gars ne vient pas juste de débarquer et a connu comme beaucoup la dure loi du milieu. Comme il nous le rappelle dans le packaging de son True School, pour $150 tu peux voir tous tes efforts ruinés et une collaboration éclater, ce qui fut le cas avec le mc Nature. Fort de son background, DJ Jean Maron se lance dans la démarche de cet album avec une volonté de se relever et d’amener une vision positive du rap à coup de tripes à la mode de Caen. True School est quelque part la démonstration qu’avec de l’envie, de la passion dans son travail mais aussi celles de ceux qui ont participé à ce projet, on peut rendre un projet de haut vol qui comme une bonne vieille andouille sent la shit mais a un goût très dope.


De la volonté donc et un présentoir à barbaque que beaucoup doivent jalouser, mais pour quel résultat au final ? Et bien ce qui aurait pu se finir dans un epic fail mémorable à la Soulkast prend la route inverse en venant clairement se positionner comme un second effort aussi plaisant que le premier. Beaucoup pourront critiquer une ligne de production plutôt basique mais à un moment donné qu’est-ce qui compte réellement, une technicité de haut vol à la céleri rémoulade bio ou une capacité à faire passer le groove façon terrine de campagne au foie de volailles ? La force de Jean Maron se trouve dans son groove, sa capacité à nous faire encore bouger la tête sur des sonorités maintes fois connues sans pour autant tomber dans la copie facile. Sur ses 14 titres, DJ Jean Maron réussit là où la majorité des guests n’arrivent plus à nous faire rêver : lâcher des prestations sur des sonorités qui leur collent totalement et ne pas chercher à vouloir être label rouge à tout prix quitte à perdre en goût. Quand les Mobb Deep viennent te lâcher The Infamous Mobb Deep, double CD de son état donc double peine (quoique certains leftovers sauvent la face), juste pour nous rappeler leur incapacité à sortir un album potable depuis des lustres, comment ne pas se régaler sur le concept de Itinerary ? Quand on regarde désespéré Sadat X faire le grand chelem des collaborations les plus pourries au rayon saucisson premier prix, comment ne pas valider la reformation de Brand Nubian sur Forbidden Love ? Quand KRS-One semble vouloir coller aux sonorités actuelles quitte à en perdre une part de son flow, comment ne pas être soulagé de l’entendre froisser le mic sur un gros rif de guitare ? Quand le turntablism semble le parent pauvre du Hip-Hop que les gens oublient l’importance de la salaison par le scratch d’un bon jambon de Paris sonore, comment ne pas se délecter du posse cut de gros bras qu’est My DJ nous ramenant au bon souvenir des X-Ecutioners ? Quand ta crème de l’underground US se résume à de la vieille langue bœuf comme Termanology, Bekay ou Eff Yoo, comment ne pas se faire violer sa playlist avec du calibre comme ONYX, M.O.P., Lord Of The Underground, Masta Ace ou Edo.G, du ris de veau qui fond dans les oreilles ?


True School c’est de la triperie pure à la sauce entertainment pour Hip-Hop headz voir le grand public. De la production calibrée pour des B-boyz  sur des gros samples de funk, un groove facile d’accès, des mcs qui s’éclatent, bref une bonne partie de détente dans la boutique du luxembourgeois. DJ Jean Maron a bien eu raison de ne pas baisser les bras pour réunir ce casting, il fera surement des jaloux qui voudront justifier leur frustration sur les moyens mis sur la table pour arriver à ça mais le plaisir que prennent certains artistes à grailler le micro suffira à leur fermer la bouche.

DJ Jean Maron – True School (2014)
5 vote(s)

One comment on “DJ Jean Maron – True School (2014)

  1. Jean-jean on said:

    What more can I say ????? « tob billin »

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Les balises HTML ne sont pas autorisés.