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Grand Papa Tra presents Royal Flush – Grand Capo (2014)

On dira ce que l’on veut, le succès n’est jamais proportionnel à votre talent. Vous pouvez conjuguer flow et lyrics street, confectionner un album avec des têtes d’affiche de l’époque et une liste de producteurs de talents comme Buckwild, L.E.S. et Da Beatminerz, et vous retrouvez avec un échec commercial. Royal Flush a goûté à cette amertume en 1997 avec son premier opus Ghetto Millionaire, un album de très bonne facture mais qui n’a jamais matché avec le succès et reste aujourd’hui un succès d’estime. Pourtant ce proche de Mic Geronimo avait lâché l’artillerie lourde, et derrière forcément se lancer dans une carrière musicale était clairement peine perdue. Pourtant, l’homme n’a jamais vraiment lâché le micro puisque 8 ans après son premier essai le natif de Flushing Queens retentait sa chance avec le même manque de réussite en sortant Street Boss. Un second album qui pour le coup ne méritait pas meilleure exposition. On aurait pu croire sa carrière définitivement enterrée mais la rue parle et a besoin de ses soldats pour reporter ses faits d’armes…

Il y a quelques années, le suisse Grand Papa Tra entamait son pèlerinage Hip-Hop dans les rues de NYC et au fur et à mesure des ses rencontres, il enregistra des tracks qui finirent sur son album Lost In New-York. C’est lors de cette aventure que sa route a croisé celle de Royal Flush et donna naissance au track Space Ship avec le général Mic Geronimo. La sauce a du prendre entre les deux larrons et l’ouverture sonore des mcs américains sur l’Europe aidant, on les retrouvent aujourd’hui à la manœuvre de Grand Capo un album de 14 tracks qui revient renouer avec une ligne boom bap classic sur un delivery en harmonie avec les rues de Flushing.


Royal Flush est ce genre de mc qui fait l’unanimité dans son style, loin d’être une plume technique et vouloir chercher la rime absolue, l’homme livre du brut, un style d’écriture frontal aussi violent que les rues de son borough. La vie de rue comme fil conducteur, on prend plaisir à écouter Royal Flush nous décrire tous les vices de son environnement, raconter New-York autrement que les hypster de midtown. Shadow Of The Streets, Autobiography, This Killing Everyone, tellement de titres de mise en respect que l’on a plaisir à écouter, içi c’est Flushing Queens, on est pas en train de siroter un Manatthan en haut du bar panoramique du Mariott. On va pas se mentir, Royal Flush fait dans le bourrin sur l’ensemble, entre mise à mort et… mise à mort, on se rend vite compte que la quarantaine n’attendrit pas le caractère du mc et cette envie d’en découdre au micro reste intact depuis 1997. Par contre, on aurait eu 14 tracks en solo, on aurait pu frôler l’overdose car l’homme reste tout de même redondant dans la mornifle lyricale et au final on est bien content que la liste des guests soit assez large entre la nouvelle génération des Starvin B, Nutso (qui ressemble s’assemble) et Meyhem Lauren et les old timers du type Sean Price, Illa Ghee, Lil Fame et bien sur Mic Geronimo. Une bonne brochette d’invités, en phase avec la thématique, qui se succède pour épauler le Flush et diversifie l’ensemble.


De son côté, le beatmaker Grand Papa Tra livre 14 instru très homogènes. Ceux qui ont pu le découvrir à travers son Lost in New York et une ligne de production parfois expérimentale variant entre sonorité rap classique et touche de Trip-Hop s’apercevront vite qu’il a assuré l’ensemble dans du boom bap traditionnel. Pour un mec comme Royal Flush, on aurait eu du mal à digérer de l’expérimentation là où l’on recherche avant tout une musicalité en adéquation avec son trip très street, Grand Papa Tra insert son travail intelligement et semble bien avoir compris l’attente de ce genre d’exercice. Dans les beats à retenir, on citera tout d’abord le très sombre Shadows Of The Streets, un instru très épuré avec cette touche de violon qui va parfaitement. Le plus punchy Flushtown avec le petit reef de fin de boucle et les scratchs de DJ Modesty. Beasting, bien gras, tout à fait adapté à recevoir le flow gorille de Sean Price et enfin le très gros Stayin Alive qui clôture parfaitement l’opus. On notera quelque baisse de rythme comme Keep It Live et Evil Spirit qui ne sont pas du même niveau que le reste.


Grand Capo est le genre de collaboration qui fait mouche, on retrouve ici ce que l’on souhaite entendre d’un gars comme Royal Flush : un style estampillé Projects qui laisse aucune place à la pitié, un rap tranchant qui va à l’essentiel sans artifice. De son côté Grand Papa Tra gère bien la transition d’avec son précèdent opus tout en montrant un angle d’attaque musical plus classique certes mais loin d’être dénué de talents.

Grand Papa Tra presents Royal Flush – Grand Capo (2014)
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