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Dirt Platoon – War Face (2013)

West Baltimore, un nom qui raisonne dans nos oreilles comme une détonation. Un symbole loin de représenter un quelconque symbole de réussite ou la dernière perle culinaire mondiale. Non ce quartier est le symbole de la fracture sociale américaine (la ville dans son entier), corruption, drogue, précarité, un ensemble qui a donné ses lettres de noblesse à l’une des meilleures séries de tous les temps : The Wire. Si la série s’était terminée sous le règne de Marlo Stanfield, les années passant n’ont pas aidé à ressouder la fracture. La ville n’a pas besoin de la crise pour s’enliser et aujourd’hui la violence urbaine est la même que celle décrite par David Simon 10 ans en arrière et les dents ensanglantées des fauves de West Baltimore continuent de croquer la rue pour s’emparer de chaque corner, de chaque projects. Dirt Platoon dernière organisation en date à vouloir piller la ville et composée de deux têtes tueuses : Raf Almighty et Snook Da Crook, commence à ravager les rues via la renaissance de la French Connexion en multipliant leur source d’approvisionnement outre-Atlantique. War Face est leur dernière livraison par Kyo Itachi et celle-ci s’annonce meurtrière et sans concession. Focus sur la dernière guerre urbaine de West Baltimore.

Pas besoin d’un Stringer Bell en tant que tête pensante pour organiser le business, ici la réflexion commence dans le barillet et va se planter entre les yeux des réfracteurs. Le règne de la peur est donc de retour et seul l’instinct animal des deux membres de Dirt Platoon gère la sécurité des deals. Murder rap sur du boom bap radical, Dirt Platoon s’impose comme les leaders de l’après The Wire brulant tous sur leur partage sans chercher à partager les gains.


Brownsville a rugit au son des M.O.P., Baltimore elle, criera au bruit des Dirt Platoon. Pas besoin d’un scénario : Get Raw or Die Tryin’ comme seule ambition, les deux mcs viennent sur 10 pistes bruler les dernières lueurs d’espoirs d’un lendemain plus clément pour Baltimore. Inspirée de la grande tradition du rap bien burné et laissant comme simple choix la mort par lyrics bourrins, les Dirt Platoon ne laissent aucune place à la compassion, suffit de se ballader sur l’Animal Shit pour comprendre que l’on va à l’essentiel : la loi du plus fort (ou du plus armé). Et ne cherchez aucune faiblesse dans leur flow, les mecs posent comme des mercenaires qui butteront femmes et enfants pour l’or vert (Army Of Two) s’inspirant de leur racine (West Bmore) mais aussi de l’héritage rap streeté (Wage Of war). Ne cherchez pas non plus une certaine ode poétique à leur style, on n’est pas dans la réflexion mais en guerre, pour l’écriture peaufinée on repassera (Brainstorming). Pour la touche sentimentale, faudra repasser aussi car même les guests sentent la poudre que ce soit Ruste Juxx habitué à la came de Kyo Itachi ou Dro Pesci, Shanks (Bankai Fam), Shaabaam Sahdeeq et Milez Grimes sur Point Of Attack, il est clair que le travail se compte aux nombres de têtes abattues sur track (on est pas loin du génocide). En clair si vous fouiniez pour une ambiance The Wire meets The Walking Dead et bien vous avez enfoncé la bonne porte.


Quant à la filière de distribution, elle vient directement de Kyo Itachi, l’homme a désormais pignon sur rue et si la reconnaissance commence à faire parler de lui, War Face démontre encore une fois que le beatmaker n’a pas troqué la qualité contre la quantité. Pourtant en multipliant les projets on aurait pu craindre une certaine facilité mais l’homme connait la recette d’un deal sur la longueur et en s’entourant des guerriers de Baltimore, l’opportunité de rayonner sur le rap US devait se traduire sur du matos sans fausse note (ca serait con de se faire buter par les deux larrons pour un snare pété). Deal réussi puisque la came sur cette galette vient parfaitement servir les intérêts de Dirt Platoon. On aurait pu s’attendre à un enchainement de gros street banger à la hauteur de la rugosité des flows mais les productions de Kyo Itachi se veulent sobres, coupantes, dark et à 100% boom bap. On accompagne en douceur les descentes musclés des deux artistes donnant un coté contrepieds plutôt à l’avantage des Dirt Platoon. Seule déception, un crystal meth de très haute teneur chimique histoire d’encadrer le reste des cargaisons de poudres musicales.


Si vous pensiez les flingues rangées à la fin de la saison 5 de The Wire, vous vous êtes clairement trompés, la guerre urbaine est toujours d’actualité à Baltimore et les deux têtes destructrices de l’organisation Dirt Platoon ont fait table rase de la concurrence grâce aux livraisons du français Kyo Itachi mais aussi grâce à leur style de gros bourrin sans rémission. War Face remplit le contrat et ramène Baltimore dans ce rap jeu sans aucune douceur et sans pitié.

 

16/20

 

A noter que l’album présente la particularité d’avoir un deuxième CD de remix concocté par Azaia et Astronote avec qui Kyo Itachi forment la coalition Jupiter AKA, Venom de Marvel records (grosse tuerie ce remix), Phalo Pantoja, Doctor Cooper, Oh No, Spcifyc, DJ Stresh qui sort bientôt sa mixtape, Sizemen et DJ Duke (DJ D’Assassin, et qui a lâché deux mixtape dernièrement dont une sur Rocca) rien que ça.

Dirt Platoon – War Face (2013)
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One comment on “Dirt Platoon – War Face (2013)

  1. Sobre la chro intro quelque mot sur kyo quelque mot sur quelque tracks conclusion. Pas de surprise j’ai énormément aimé, pour mon avis un peu plus détaillé c’est sur otc… en tout cas continue bien !

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