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Deadlinz- Sonik Fiktion (2012)

Les années 90, à cette seule évocation plus d’un bboy endurci serait capable de lâcher cette petite larme de nostalgie. Plus qu’une décennie, ces années représentent le miel du mouvement Hip-Hop, cette essence qui continue à s’ajouter aux débats sur la survie actuelle du mouvement. Mais les 90’s, ce n’est pas seulement la musique rap et dans un genre aussi bien éloigné que proche, son cousin anglais désigné sous le nom de Trip-Hop avait vu émergé une scène éclectique et au message bien plus festif. Symbolisée par des groupes comme Massive Attack ou Portishead le mouvement avait lâché des ogives musicales dignes des classiques du rap. Des points communs et des divergences réelles entre ces deux mouvements si symboliques viennent nous percuter de nouveau en 2012 sous l’impulsion de Deadlinz, producteur français, qui a décidé d’allier les acteurs de la scène rap et Trip-Hop actuels  à des productions Trip-Hop (et tout ce que cela englobe) sous le nom de Sonik Fiktion. Un projet aussi bien pertinent qu’épineux qui ne fera pas l’unanimité selon les goûts.

Comprendre la démarche de Deadlinz c’est se replonger dans un univers et une époque où une partie des auditeurs s’éclataient les tympans chez soi sur du OB4CL puis partaient se défouler la nuit sur du Ninja Tune sans pour autant rechercher à mixer l’ensemble. Au départ projeté comme un album d’intrus, ce Sonik Fiktion a mué vers un projet bien plus complexe et périlleux en alliant des guests assez atypiques voir clairement inattendus sur ce genre de productions. Et dès la première écoute, c’est un sentiment très contradictoire qui se prononce : se retrouver avec une paire de mcs comme DV et Rock d’Heltah Skeltah sur un instru très aéré comme Rose From The Dirt, c’est un contre-pied qui ne s’ingère pas en une seule écoute. Et la complexité de ce projet repose surtout l’immersion complète de l’auditeur, on y va pas à la légère et la perception des deux mondes demandent une certaine accointance aux deux styles musicaux.


Aux manettes, Deadlinz recrache via son Akai un éventail de styles sans se restreindre. Une palette colorée qui navigue entre soul, funk, downtempo, jazz, bref la palette de l’artifice musical du Trip-Hop sans chercher à se formater. Un risque pris de s’éparpiller à la fois payant pour son éclectisme mais qui risque aussi de freiner l’écoute selon les goûts musicaux de chacun. On ne pose pas ses valises sur Sonik Fiktion, on voyage sans cesse avec plus ou moins de turbulence.


Vouloir réaliser un top tracks de cet album est un peu peine perdue car pour le coup Deadlinz distribue dans les deux domaines. Par préférence personnelle, on s’oriente plus vers les collaborations rap underground sur beats sous acides. A ce titre grosse considération pour le Rose From The Dirt de DV et Rock sur un hook très bien travaillé, Head To The Sky représenté par le natif de Chicago F. Strokes très à l’aise, Guilty Simpson sur Trust The SongDeadlinz lâche un beat plus traditionnel et adapté Hip-Hop (Oh No ? euh non…). La partie Trip-Hop revêt de bons moments comme les instrus de Love et Geisha mais on sera moins favorable à des titres trop mielleux et qui cassent la dynamique comme Nuclear Abandon et On And On avec des voix féminines vues et revues (ce qui enlève rien aux talents des chanteuse). le point culminant du projet est symbolisé par Phoenix Jones interprété Sleep Steady qui dose parfaitement entre les deux mouvances musicales.


Sonik Fiktion est un pari osé, Deadlinz propose une autre alternative à la scène actuelle avec plus ou moins de réussite. L’album regorge de référence que chacun ira piocher selon ses goûts et sa culture musicale. Dans tous les cas, il mérite que l’on s’y arrête pour se rendre compte que le Hip-Hop et le Trip-Hop ont autant de points communs que de divergences.

 

14/20

 

Deadlinz- Sonik Fiktion (2012)
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