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Double A.B. & Dub Sonata – Media Shower (2012)

Il existe une catégorie d’album coincée entre les albums qui marquent et ceux que l’on a vite fait de jeter aux ordures. Cette catégorie à la particularité d’avoir aucun effet sur notre organisme, le genre d’album qui passe dans les oreilles sans créer de rejets ni d’adhésion mais qui laisse une bonne impression. Se demander si dans 6 mois on s’en souviendra est peine perdue : non on ne s’en souviendra pas excepter si le nombre de daubes auditives restent à flot constant dans vos oreilles, on prendra facilement plaisir à ressortir ces albums-là histoire de se dépolluer. A ce titre le duo Double A.B. & Dub Sonata peuvent remercier l’année 2012 de les mettre dans la course des albums qui la marqueront alors que leur album Media Shower était destinée à la  catégorie d’entre deux…

Vétéran peu connu de la scène New-Yorkaise et signature du label Man Bites Dog Records, Double A.B. revient en 2012 en compagnie du producteur Dub Sonata pour lâcher son 3ème album (en toute franchise je ne connais pas ses deux premiers) Media Shower,  pseudo brulot contre l’omniprésence des médias dans nos vies qui finit par faire plus rire que réfléchir au fur et à mesure des écoutes. Car oui, il en faut des écoutes pour pouvoir s’intéresser un minimum au flow linéaire et sans forme de Double A.B. ce qui explique surement son manque de notoriété (on est pas dans un manque de reconnaissance, le niveau est trop faible)… si Double A.B. détient la vérité, il est aussi crédible qu’un Michel Rocard en campagne électoral, effacé face aux beats, le mc se dépatouille dans cette marée musicale de part un discours plus ou moins crédible et des guests plutôt bien sentis mais qui ont très vite fait de lui piquer la vedette. Derrière une recherche indéniable de secouer la populace sur leur état végétatif, on arrive quand même à bien se marrer. Des réflexions dignes d’une Véronique Genest, la diabolisation des moteurs de recherche,  la problématique de santé générale liée au partage de fichiers bref rien arrêtes Double A.B. dans son rôle de Pascal Le Grand Frère même le ridicule ne l’effraie pas. On gardera en mémoire l’intro qui arrive à nous faire un parallèle entre la construction des pyramides et l’utilisation d’un ordinateur portable…


Pourquoi être aussi virulent alors que l’intro laissé présager un jugement plus clément envers cet album ? Parce que Double A.B. symbolise au final ce que la scène américaine actuelle offre de plus débile et inabouti (90% des artistes en somme). Des lyrics en carton digne de pré-adolescent par des trentenaires  vivant par procuration le rôle de Duchovny dans X-Files sans en avoir la crédibilité,  une constante nostalgie qui voudrait nous faire croire que l’on était moins con et mieux informé que les jeunes actuels. Bouc-émissaire le Double A.B. ? oui et non, responsable de son propre entêtement  à vouloir faire passer l’entertainment actuel comme fossoyeur du Hip-Hop, Double A.B. sait mettre aussi du jus d’orange dans sa tequila puisque des titres comme Time Is Elastic, Doub’ and Dub ou encore Street Survival rendent plus appréciable le mc (même si le gars ne tient pas la corde sur le dernier morceau compte tenu des invités bien plus techniques : Evidence, Vordul Mega et Vast Air).


Mais l’intérêt premier de se projeter dans ce Media Shower reste principalement la pâte de Dub Sonata qui crée réellement une ambiance boom bap assez relaxante. Jamais virulent le beatmaker nous lâche 15 beats assez délicats et jamais poussifs. Jazz feutré et funk festive,  Dub Sonata englobe l’album et tire l’ensemble de l’intérêt vers lui. Réentendre Vast Air et Vordul Mega sur un même track, ça fait plaisir et quand il y a la forme c’est d’autant mieux. Dub Sonata vole la place d’hôte de l’album à Double A.B. et sait recevoir car aussi bien Sean Price et Scram Jones sur  Some Bullshit ou Roc Marciano sur Lord Knows What ont matière à kicker le mic. Même Double A.B. retrouve une certaine prestance quand Dub Sonata lui lâche des perles comme Drug Wars.


Sans faire tiquer sur la longueur, Media Shower reste une bonne galette pour cette année. Elle permet surtout de mettre les projecteurs sur le producteur Dub Sonata alors que Double A.B. ne convainc pas sur la longueur. L’intérêt musical et une liste de guest de premier plan permet à cette galette de s’installer confortablement dans la liste des albums à écouter en 2012.

 

14/20

Double A.B. & Dub Sonata – Media Shower (2012)
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