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Ran Reed – Respect The Architect 1992-1998 (2012)

DJ Premier, Lord Finesse, Buckwild, RZA, Large Professor, des noms facilement assimilables au rap et plus précisément à l’art du beatmakin’ pour tout connaisseur rationnel. Toute une génération qui a su, et mérité, d’attirer la lumière sur leurs travaux respectifs. Et puis comme par tradition du diggin’, il y a la face b des producteurs, les artistes talentueux mais pas forcément stratèges ou tout simplement malchanceux. Les Bellamy, DJ Mighty Mi, Da Beatminerz au choix dans une liste exponentielle font partis de cette face b. En creusant, un peu on trouvera associé aux légendaires Cella Dwellas (légendaire mais surtout underrated) le producteur Nick Wiz, plus qu’un simple producteurassocié à un groupe Nick Wiz est au Hip-Hop ce que Chester Hime est au polar noir, un artisan des ténèbres qui puise sa créativité dans l’obscurité de la matière. Point que James DL Ellison a très vite perçu et que ce listener-entrepreneur a su mettre en avant dans le catalogue musical de son label No Sleep Recordings à côté des grands noms du D.I.T.C. ou même des valeurs sures actuelles comme Celph Titled. Bon flaire (comme à chaque fois) puisque James DL Ellison a pu ainsi récupérer de quoi lâcher la série des Cellar Sounds avec un nombre incroyable d’unrelease d’une qualité sans égale (qualité que l’on retrouve sur l’ensemble de la série For Those That Slept distribué par le label). Une fois le bon filon trouvé autant continuer de digger, surtout que cette fois-ci la chasse a permis de déterrer 21 tracks enregistrés avec Ran Reed, mc satellite des Cella Dwellas qui n’a pas su porter sa carrière plus loin que des apparitions diverses. Respect The Architect a donc une double mission : continuer à démontrer le talent de Nick Wiz et permettre à un mc oublié de marquer le mouvement par un album.

1992, dans le New-Jersey, l’ébullition musicale est perceptible, le rap a depuis longtemps dépassé l’Hudson River pour abreuver tous les corners de l’Etat voisin. Au studio The Cellar de Nick Wiz, une troupe d’anonyme s’exerce au maniement du micro et de la SP-1200.C’est au tour de Ran Reed de s’entraîner pour la première fois dans le lab, et pour cette première salve il déverse son flow sur une production de B-Divine, Pass Da Budda, rien d’incroyable au final mais un potentiel qui saute aux yeux de Nick Wiz puisque la même année il lui propose le beat de Catch The Contact, le duo fonctionne : beat taillé sur mesure au flow de Ran Reed.


1993, fini les démo freestyle et début de ce qui fera le succès des Cella Dwellas c’est-à-dire un rap underground classique qui tire sa plus value de textes très bien écrits et de beats sombres et crades comme New-York les aime. Si la pate de Nick Wiz est alors peu présente sur ces deux années, on ressent quand même les influences de l’époque et l’attraction pour les boucles efficaces, On and On et sa boucle jazzy, les sample dark soul de Never Knew Me Then sur une prestation de playa et de Boot in the Door.


1994, le succès et la reconnaissance sont encore lointain pour l’écurie de The Cellar, les frustrations montent, le talent est là mais l’exposition n’arrive pas. On vit de petits boulots minables et sans réels intérêts. 9to5 sur une boucle addictive renvoie à ce constat loin des strass et paillettes du Mainstream.


1995, il n’aura pas eu besoin d’attendre les années 2000 et The Game pour avoir le droit à la notion de Name Droppin même si pour le coup The Fastlane est plus intimiste et à pour but de raconter une véritable histoire (ce que The Game est incapable de fournir). Dans la ligne de Never Knew Me Then, Tell Me est une sorte d’ode à la femme (ou le contraire selon le point de vue). 1995 comme 1994 est surtout l’année où clairement la pate de Nick Wiz s’affirme avec une suprématie d’un boom bap à base de caisses claires loin des bangers rnbisés qui commençaient à émerger sur les ondes hertziennes.


1996, sans équivoque la culture Hip-Hop est partout, dans la rue, les écouteurs, la télévision, les radios, sur les murs et les dancefloors les plus embrumés. Avec cette invasion, le lot d’usurpateurs et de wack mcs envahissent le paysage renforçant la rage lyricale de Ran Reed, Wack Tapes puis Respect the Architect peignent cette ambiance au moment où l’ogive Realms ‘n Reality envahit les rues sans rencontré le succès escompté et mérité (alors que le label Loud avait clairement les armes pour donner un coup de boost à la promo).


1997, un morceau avec U.G. de Cella Dwellas ne se refuse pas et on reste en famille, pour l’auditeur on gardera une certaine frustration sur le choix de l’instru réellement rébarbative. Mais cette année est aussi une année de maturation lyricale avec un Ran Reed plus précis dans ses storytellin (Fatal Attraction). Une année moins marquante que les autres niveaux production du surement au contrecoup de l’effort fourni sur Realms ‘n Reality.


1998, Ran Reed est toujours aussi passionné par le sexe opposé (The Sexologist) mais sait aussi faire réfléchir (Lost Souls), samples plus smooth pour Nick Wiz qui reprend du poil de la bête. Le naturel revient très vite au galop pour du street beat coupé au couteau (le très bon Ran Reed Representinget l’égotripic The Pro).


En bonus, James DL Ellison et Nick Wiz nous gratifie d’un The Introduction réunissant le cœur du The Cellar avec les Cella Dwellas au complet sur un instrumental meurtrier.


Ran Reed aura finalement eu le droit aux projecteurs, très tard certes et sur un petit label, mais cette compilation reste en elle-même un documentaire d’une période peu connue du crew gravitant autour de The Cellar. Respect the Architect n’a pas la vocation à être un classique mais bien un must have pour les extrémistes du rap ne jurant que par les 90’s (ou simplement les nostalgiques). En plus de mettre en avant un artiste peu connu, le label No Sleep Recordings et plus particulièrement James DL Ellisoncontinuent le travail de fouille autour du producteur Nick Wiz qui semble avoir dans ses tiroirs une mine infinie de beats à exhumer pour un For Those That Slept #8.
16/20
Ran Reed – Respect The Architect 1992-1998 (2012)
4 vote(s)

One comment on “Ran Reed – Respect The Architect 1992-1998 (2012)

  1. SnowgoonS on said:

    Bien sympa la review/rétrospective c'est le skeud que j'ai le plus écouté et apprécié de cette année, No Sleep Recordings ont tout compris et ce pour notre plus grand plaisir.

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