Skip to content

Slaughterhouse (2009)

Le contexte :

Après avoir connu un premier semestre musical aussi violent que les vagues de la mer morte, on ne pouvait que se satisfaire de la qualité proposée depuis 3 mois et cet enchaînement de galettes de haute voltige permet à ce cru 2009 de pouvoir, peut-être, se positionner dans les bonnes années du Hip-Hop post 2000.

Dans ce contexte, tout nouvel album sortant se voit forcément sous pression. Cette dernière est forcément accrue à l’arrivée d’un super groupe composé de kickeurs de mic. Alors quand le Slaughterhouse composé de Joe Budden, Royce Da 5’9’’, Joell Ortiz et de Crooked I débarque dans les bacs c’est forcément sans concession que les Hip-Hop Heads aiguisent leurs lames.

Si les 4 membres ne sont pas des inconnus de la scène, ils ne combattent pas à égalité niveau parcours. Joe Budden, ex-espoir, avait déjà fait ses preuves sur son album éponyme accueilli relativement bien de la part des médias tout en frustrant son public par son orientation mainstream. Suite à cela, le story teller avait commencé une traversée du désert ponctuée par  la sympathique trilogie sous mixtape Mood Music. Ces errements avaient duré jusqu’à l’année dernière où Budden nous avait proposé coup sur coup Halfway House et Padded Room qui avait clairement divisés sans pour autant être mauvais. Ces déboires dus à un diss inutile avec Method Man n’avait pas arrangé son affaire le mettant en situation de paria.Inutile de rappeler les talents de mc de Royce 5’9’’ sa discographie parlant pour lui, on peut avancer qu’il reste un des meilleurs actuellement même si un passage par la case prison, ses problème de dépendance à l’alcool et son côté feignant ont terni son image ces dernières années. Pour Ortiz, la route fut complexe. Malgré un très bon premier album The Brick, son expèrience chez Aftermath fut un réel échec pour ce mc à fort potentiel.
Autre artiste à mettre aux rangs des échecs d’Aftermath, Crooked I est loin d’être un newbie mais malheureusement il en est toujours à devoir prouver son talent et ne compte pas d’album à son actif pour se défendre.

On l’aura compris plus qu’un super groupe, Slaughterhouse est une vraie rampe de lancement pour le quatuor tout en leur permettant de redorer leur blason et prouver à la planète Hip-Hop que le Game est loin d’être terminé.

Les acteurs :

Comment concilier des différences régionales dans un projet commun ? Tout simplement en cherchant les points de ressemblance. Et s’il y en a bien un c’est leur passion pour le Hip-Hop et cette rage toujours intacte à kicker le mic. On pourra toujours chercher à savoir qui est meilleur que qui mais dans l’ensemble les rôles sont bien répartis et aucun des participants fait figure de brebis galeuse. Et comme personne ne veut se faire overshadow, on assiste à un vrai concours de phrases assassines faisant penser à la même compétition que sur le projet The Horsemen.

Joe Budden : on pourra dire tout et n’importe quoi sur le mc, mais s’il y a une chose qu’on ne peut pas lui enlever c’est bien son talent de lyricist. Et on le ressent clairement sur cet album surtout quand il se contient pour ne pas mettre trop d’écart avec les autres. Ces performances sur Cuckoo, Rain Drops et Salute Me confirment clairement sa capacité  à pouvoir rapper sur n’importe quel type d’instru malgré son manque d’endurance face à Royce et Ortiz comme le prouve sa prestation sur Sound Off

Royce Da 5’9’’ : qu’il commence, qu’il vienne en support ou qu’il finisse, jamais il ne se perd dans des futilités. Son style est direct et fait mouche à chacune de ses prestations. Sa décontraction au mic est juste déconcertante alors que la tension se remarque sur les autres membres.

Joell Ortiz : douter encore de ses capacités après l’écoute de ses performances serait vraiment surprenant. Ortiz ne fait pas dans la demi-mesure et lâche des prestations à fortes intensités arrivant même à égaler  les Bone Thugs-n-Harmony à leur propre jeu sur Sound Off. Très grosse prestation sur Microphone voir même sa meilleure à l’heure actuelle.

Crooked I : s’il se met en position de rookie sur cet album, il n’a pas à rougir de ses prestations même s’il est, au même titre que Budden, limite sur des instrus comme Sound Off, à l’inverse il explose le score sur Lyrical Murderers et sur le titre éponyme.

La production :

Joe Budden étant à l’origine du projet. Il aurait pu décider de la ligne musicale de l’album. Mais, heureusement, ce n’est pas le cas car si encore son talent n’est pas critiquable, ses choix musicaux, eux, le
sont. Donc pour cet album on retrouve à la production une liste intéressante de producteurs dont ALC, Khallil, Porter, StreetRunner ou encore Emile. Cet éparpillement musical n’enlève en rien un résultat final concordant et homogène. On pourra critiquer le manque de banger mais on a le droit à des prods 100% Hip-Hop qui accompagne très bien les prestations lyricales des 4 mcs. Certaines productions sont certes moins intéressantes que d’autres comme Cut You Loose ou le très spécial Cuckoo auquel on accrochera ou non avec son faux/vrai hook.

Les points négatifs :

Tout n’étant pas parfait certaines choses auraient pu être évitable. En premier lieu, la présence de 3 skit  vraiment ennuyeux qui aurait pu laisser leur place à d’autres tracks comme Woodstock. . Autre point surprenant la présence limitée de Pharaohe Monch sur Salute Me où le mc n’accompagne le groupe que sur le hook. Enfin, on regrettera que le concours de lyrics entre les 4 mc ne fasse pas ressortir de thèmes intéressants dans les tracks. Il est vrai que les gars ont de quoi fournir mais la constance d’egotrip mélangé à une overdose de propos homophobe peut écoeurer en cas d’écoute en boucle.

Le bilan :

Mission clairement remplie pour les quatre mcs. Ca fait longtemps qu’un niveau aussi élevé n’avait pas été atteint. Tout amateur de lyrique en aura pour son argent. Pour les autres, ce sera une question de feeling mais dans tout les cas ce premier album a le mérite de remplir tout les ingrédients d’un album 100% Hip-Hop. L’album a encore du potentiel et devrait sauf surprise faire parti des meilleures sorties de 2009.

16/20
Slaughterhouse (2009)
0 vote(s)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Les balises HTML ne sont pas autorisés.