Granite State – The Re:Public (2009)

Vous vous sentez routard dans l’âme et projetez de mettre en œuvre un American Road Trip ? Il se peut que, par un hasard malchanceux ou par erreur de lecture de carte, vous vous retrouviez dans le New Hampshire. Ne cherchez pas, ceci n’est pas la dernière insulte à la mode outre-atlantique mais bien le nom d’un minuscule Etat au Nord Est des Etats-Unis plus proche du Canada que New-York. Manchester, ville la plus grosse de l’Etat, n’a de comparaison avec son homologue anglais que l’utilisation excessive de la brique rouge, pour les autres spécificités y aura beau creusé, rien ne vous retiendra. Et pourtant, vous ne pourrez rester insensible au motto de l’Etat «Live Free or Die» moins glamour qu’un « She flies with her own wings » de l’Oregon ou moins « américain » qu’un « In God We Trust », cette petite phrase à consonance gangsta pourrait cacher l’un des forons du Hip-Hop américain. Malheureusement, on risque fort de se casser les dents sur cette utopie… Mais à force de recherche, vous tomberez, peut-être, sur deux agités, Bugout et Doug York, porte étendard d’un rap New Hampshireux et seuls représentants artistiques répertoriés du coin. A deux, ils forment le groupe Granite State en hommage au surnom de l’Etat. Réels artistes et fiers de leur origine, le combo nous avait offert une première claque avec The Breaking Point. Album phare de l’année 2006, Bugout et Doug York avait posé une première pierre bien solide. L’arrivée d’un nouvel album The Re:Public devait forcément finir par convaincre leur fan base.

L’annonce de la tracklist The Re:Public officialisait clairement l’engouement autour de ce second projet, avec Reks, Esoteric & Evidence en guest, le thermostat était à bloque. La prod toujours assurée par DC the MIDI Alien et Statik Selektah mais aussi Evidence sur One Shot affiche une continuité entre The Breaking Point et The Re:Public de quoi rassurer.

Pas besoin d’un pseudo recul métaphorique pour se lier à l’album, la première écoute démonte assez les oreilles pour comprendre que l’on va prendre cher au cours des prochaines écoutes. Eclectique et rempli de référence soul, funk et disco, il ne sert à rien de rechercher des sons mainstream, mais pas la peine de faire la tête car la ligne directrice est boom-baptik à souhait fera remuer les chevilles de tout bon connaisseur. Bugout et Doug York gèrent le mic comme de véritables pro jonglant entre textes conscients et pure entertainment, réels bosseurs, Bugout nous le prouve sur le très bon Work. Vrai duo complémentaire, Bugout amène du punch au groupe grâce à son flow agressif et direct tandis que Doug York, plus relax, est plus profond dans ses textes. L’arrivée de Reks sur Just Think, d’Evidence sur le classic One Shot et d’Esoteric What I’m Used To, est clairement un avantage et permet à Bugout et Doug York de se confronter a des mcs de très haute facture sans se sentir impressionner. On restera comme paralysé (je sais, je me répète…) sur One Shot réel petit bijou offert par Ev’ dont l’attente du prochain album se fait de plus en plus désirer. Une fois n’est pas coutume, Statik Selectah livre un travail propre comme sur Just Think mais très reconnaissable ce qui risque de faire fuir ses détracteurs. De son côté, sans réel concurrence, DC The MIDI Alien livre une prestation sonore quasi parfaite dont le titre phare American Beauty fera longtemps levé des têtes.

L’underground est en forme en cette année 2009, et si les jeux ne sont pas encore faits, Granite State se positionne bien pour être l’album à retenir. Si il est sur que le New Hampshire ne brille pas sur la scène américaine et quelque soit le type d’activité, il peut en tout cas compter sur Bugout et Doug York pour représenter fièrement ce lopin de terre sur la scène du Hip-Hop.